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Tour de France, 16 juillet 2004, douzième étape, le jour de l’anniversaire de son idole Miguel Indurain, Ivan arrive au sommet de La Mongie, bras levés. En cette chaude journée d’été, il vient d’inscrire son nom au palmares des vainqueurs d’étapes de la Grande Boucle, le premier véritable grand frisson de sa jeune carrière. Le Tour le fascine depuis toujours, et sa première participation en 2001, où il a malheureusement dû abandonner sur chute, n’a fait que renforcer son amour pour la course la plus prestigieuse du monde. Le maillot jaune il aimerait tant le revêtir un jour et un an plus tard il  revient en terre française, finissant onzième du général et ramenant à Paris le maillot blanc du meilleur jeune. Une progression constante qui le porte en 2003 à la septième place finale sur les Champs-Élysées. 

Pour cette année 2004 Ivan revient sur le Tour en affichant clairement ses objectifs de podium. Le maillot jaune, il le sait, sera très difficile à aller chercher. Car depuis 1999 un homme monopolise la première place : Lance Armstrong. L’américain est invaincu depuis cinq ans et il entend bien atteindre les six victoires, chose qu’aucun coureur n’est jusque là parvenu à réussir. Au grand départ à Liège une question est sur toutes les lèvres : "Mais qui peut rivaliser avec Armstrong ?". Parmi les plus cités il y a Jan Ullrich et Iban Mayo, mais l’allemand et l’espagnol vont vite montrer leurs limites. Et un homme va à l’inverse se révéler sur les pentes pyrénéennes…Ivan. 

En ce vendredi 16 juillet, la France vibre pour son maillot jaune Thomas Voeckler, qui s’est emparé de la tunique lors de la cinquième étape, grâce à une longue échappée. Mais elle s’enthousiasme aussi pour un jeune italien de 26 ans, l’unique a enfin tenir tête à la machine américaine Armstrong. Au départ de Castelsarrasin la tension est palpable. Armstrong a aujourd’hui une occasion d’assommer le Tour et à coup sûr il ne la laissera pas passer. Une échappée de quatre coureurs anime le début d’étape, mais au pied du mythique col du Tourmalet, menant vers la station de ski de La Mongie, une autre course commence  : celle du train bleu de l’Us Postal d’Armstrong. Un train minutieusement réglé et diablement efficace. Un à un les favoris sautent. Ce n’est que le commencement de la haute montagne de cette édition 2004 mais pour certains favoris l’addition est déjà fort salée. 

Le travail des équipiers terminé, le "boss" fait alors sa fracassante entrée en scène. Une accélération qui va à la surprise générale trouver une réponse en la personne d’Ivan. D’abord épauler par son équipier de la CSC Carlo Sastre, Ivan se retrouve ensuite seul face à la pente et Armstrong. Les deux hommes s’envolent vers le sommet, Ivan résistant brillamment à tenir la roue du Texan. À La Mongie la concurrence est déjà loin, le suspense n’est plus que pour la victoire d’étape. Une victoire à laquelle Ivan tient tant car il aimerait la dédier à une personne si spéciale dans son coeur : sa maman. Lors de la journée de repos il a appris une terrible nouvelle : sa mère souffre d’un cancer et il ne lui reste plus que quelques mois de vie. Pour elle il a malgré tout voulu poursuivre le Tour, et c’est dans un tourbillon d’émotions, à la fois tellement belles et si tristes, qu’il fait son entrée dans la cours des grands à La Mongie.

Quelques minutes après son triomphe Ivan se présente à la presse, avec ce regard ému, ce vert regard dans lequel on peut lire toute la joie d’un sportif gagnant, mêlée à la douleur d’un homme en plein désarroi face à la maladie de sa maman. "Je suis très content, c’est une victoire importante pour moi, que j’attendais depuis longtemps. Et elle est arrivée dans un moment particulier de ma vie, où il y a ma maman à l’hôpital et ma fille à qui depuis un an j’attends de dédier une victoire. Et cette victoire c’est pour ma maman, ma fille, ma femme, ma famille et toutes les personnes qui m’aiment". 

Dix ans jour pour jour sont passés depuis cette intense après-midi, mais il y a des moments de vie que le coeur n’oublie jamais.

FORZA IVAN !!!!!