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Ivan Basso Daily Blog

Le Seigneur du cyclisme

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Ivan ne remettra plus de dossard sur le dos mais il aura laissé une forte empreinte dans le monde de la petite reine. Ce monde qu’il aime tant et qui le berce depuis l’enfance, comme il a expliqué sur la chaîne Sky, lors de l’émission I Signori del Ciclismo, qui lui était consacrée : "Le cyclisme c’est ma vie, car j’ai 38 ans, j’ai pédalé pendant 32 ans, donc toute ma vie en vélo, c’est devenu mon style de vie, mon quotidien, ce qui m’a éduqué, m’a fait m’améliorer et m’a fait certainement devenir un homme meilleur. Des belles choses aux mauvaises choses, tout a toujours laissé quelque chose de positif en moi". Et quand on lui demande ce qui lui reste aujourd’hui de sa carrière, Ivan retient avant tout sa belle histoire avec les supporteurs : "J’ai la sensation d’avoir laissé quelque chose aux gens. Même si ces deux dernières années je n’ai pas fait de résultats, mais je me suis rendu compte que ce ne sont pas tant les victoires ou les résultats importants de ma carrière qui sont entrés dans le coeur des gens, mais un quelque chose d’invisible, car je sens cette affection constamment, je n’ai jamais eu l’impression d’être abandonné par le public, donc cette sensation d’affection est la plus grande victoire. La chose la plus belle qui reste après tant d’années de vélo". Une affection à toute épreuve, dans celle de la suspension en 2007, comme dans celle de la maladie en juillet dernier : "J’ai eu une carrière très particulière, avec une période très difficile dans la partie centrale, une disqualification sans doute lors de la meilleure phase de ma carrière, je me suis retrouvé en quelques heures dans une situation de totale difficulté. Durant cette phase j’ai été aidé, une aide qui m’a servi durant les huit années suivantes, durant la seconde partie de ma carrière. J’ai souvent dit que j’ai été un de ceux qui a porté un grave dommage au cyclisme, car la passion, l’envie de gagner étaient devenues une obsession. Au moment où j’ai touché le fond, quand tu es un des coureurs les plus forts et les mieux payés au monde, tu te sens dans une situation, je ne dis pas dans une situation de tout-puissance, mais tu as une position de privilégié, je me suis retrouvé en quelques jours à être dans une situation critique car la même surexposition que j’avais à ce moment là était en négatif : j’allais dehors dans le jardin et les voitures passaient et criaient de méchantes choses. Avec ma femme et mes enfants, j’allais dans un restaurant et je remarquais que les autres tables parlaient et me regardaient de manière poli certes, mais je comprenais qu’elles parlaient de ça". 

Mais sur sa route Ivan a aussi reçu tant de réconfort et de soutien : "Je dois dire que ce que j’ai fait les années d’avant, et que j’ai réussi à transmettre aux personnes, m’a aidé car ces personnes ne m’ont pas tourné le dos, elles ont essayé de récupérer une personne, car à ce moment là il fallait plus récupérer l’homme que le coureur, le coureur venait après. J’ai été aidé et je crois que ça a été la phase la plus importante de ma vie privée, car l’histoire enseigne que si dans ces situations tu ne réussis pas à prendre la main qui t’est tendue, tu peux avoir de sérieux problèmes : le sérieux problème n’est pas de ne plus remonter sur un vélo et de ne plus gagner à nouveau, le sérieux problème est que ça ruine ta vie. Et donc principalement mes amis, les personnes les plus proches, à commencer par ma femme, ont essayé de me faire retrouver une sérénité comme homme, avant tout. Une fois retrouvé la sérénité comme homme, tu as une date de fin de disqualification et durant cette période je dois reconnaître que j’ai été très bon moi aussi : j’ai pensé que pour recourir il ne suffisait pas de faire comme si rien ne s’était passé, je devais lentement retrouver la crédibilité, l’affection des gens. Gagner à nouveau mais de manière crédible. Donc je me suis entouré de personnes qui m’ont aidé durant ce parcours, comme Aldo Sassi et les dirigeants de la Liquigas, et nous avons imposé un parcours de retour qui ensuite a eu un grand succès. Quand je parle de mon histoire, personne ne peut bien-sûr oublier cette parenthèse négative de ma carrière, c’est un trou noir que personne ne peut enlever. Mais si nous regardons l’ensemble des 15 années ça devient une belle histoire. Une belle histoire car c’est l’histoire d’un athlète qui a fauté, qui a payé, mais qui a ensuite su se reprendre et regagner, et retrouver, je ne dis pas la sympathie que j’avais avant, car récupérer l’affection de tous devient impossible, car mon erreur a été grave,. Mais je crois que si je devais donner un vote à mon retour, durant ma seconde partie de carrière j’ai été très bon car ce n’était pas facile, mais j’ai réussi grâce à l’aide des personnes qui ont été avec moi et qui ont cru en moi. Et cette affection, de façon différente, pour une cause différente, je l’ai ressenti également durant la maladie".

Ivan tient cependant à souligner que son cancer n’a pas été la cause de l’annonce de sa fin de carrière le 5 octobre dernier. Cet arrêt a été mûrement réfléchi : "J’ai laissé le cyclisme car j’ai senti ces derniers temps des sensations négatives. L’adrénaline, cette sensation qui m’a amené à faire de grandes choses, a dernièrement laissé place à la peur. Il y a eu des épisodes, durant ces deux dernières années, des sensations, qui m’ont fait un peu peur. Un coureur ne peut pas courir avec la peur, la peur est la dernière chose que tu dois avoir : si tu as peur tu dois quitter le cyclisme. J’ai commencé à remarquer des choses que je n’avais jamais remarqué pendant toute ma carrière, les voix, quelque chose que je voyais, et quand tu as ces signaux tu dois commencer à réfléchir, il y a quelque chose qui ne va pas. Mais c’est difficile de le comprendre et comprendre pourquoi arrivent ces signaux quand pendant 15 ans tu cours et l’unique chose que tu vois ce sont les cartes avec les kilomètres et l’arrivée. D’un seul coup tu penses que derrière ce virage là il y a quelque chose, tu penses que c’est un endroit où tu es déjà passé et ce sont ces signes qui doivent te faire réfléchir. Au début tu penses que c’est un hasard, mais si ensuite ça se répète, tu te donnes une explication. Car à cela s’ajoute quelque chose d’autre, à ce quelque chose s’ajoute quelque chose d’autre encore et à la fin arrive le jour de l’arrêt. J’ai eu aussi de la chance, dans la maladie, d’utiliser le vélo comme outil de bien-être, durant ce dernier mois et demi je n’ai plus utilisé le vélo pour la compétition, donc je n’ai plus regardé la puissance ou le cardio, mais j’ai essayé de m’en servir pour retrouver ma santé et bien aller. Et quand il y a beaucoup d’émotions qui se rejoignent, elles t’amènent à prendre une décision comme celle d’arrêter pour mon bien, dans le respect de ma famille, de mon équipe, des supporteurs et du vélo". 

À présent Ivan va se consacrer à sa seconde carrière, celle de coordinateur technique au sein de la Tinkoff. Une suite logique et avec sa longue expérience de coureur il saura à n’en pas douter apporter une aide précieuse aux jeunes qui se lancent dans le grain bain de la compétition. Des années Armstrong à ce jour, Ivan a vécu la transformation de son sport : "Lance courait évidemment avec l’équipe toute à lui, chacun de ses équipiers qui le précédait savait exactement quel était le rythme pour mettre en difficulté tout le peloton et ensuite lui faisait toute l’action. C’est à partir de là que le cyclisme a lentement évolué et qu’il n’y a plus eu un leader unique, les équipes ont essayé de courir d’une autre façon, elles essayaient de mettre un co-leader qui puisse mettre en difficulté une autre formation. Donc il n’y avait plus un leader par équipe, mais arrivaient des blocs qui pour contester un coureur fort savaient qu’ils n’avaient pas un coureur qui pouvait le battre et donc ils essayaient de le battre en utilisant plusieurs pions. Le changement que l’on remarque principalement ces dernières années, c’est que toutes les équipes se sont renforcées, et par renforcées je n’entends pas seulement par potentiel au niveau des coureurs. Les équipes importantes et fortes ont été capables d’insérer les cultures de tous les pays car moi j’ai couru avec des allemands, français, anglais, belges, hollandais, et tous ont une histoire à raconter, une expérience à apporter. Si on sait choisir et amener des coureurs qui apportent de la valeur, à la fin cette valeur se transmet à tous les coureurs et le niveau de l’équipe s’élève. Ce que j’ai remarqué c’est que ces dernières années il n’y a plus un-deux-trois coureurs forts et tous les autres qui travaillent pour ces trois là, mais les équipes sont devenues des équipes globales, des équipes qui font deux ou trois activités et dans ces activités elles doivent être toujours gagnantes, elles doivent avoir des leaders, mais pour ces leaders il faut une équipe forte avec un niveau très élevé". 

Ivan suivra donc désormais les courses depuis la voiture Tinkoff. Mais un jour peut-être reverrons-nous un Basso au coeur du peloton. Papa de trois garçons, Ivan en rêve : "J’espère que l’un d'eux me demandera un jour de courir en vélo. Mon fils ainé joue au football mais il n’a pas encore compris qu’il court derrière un ballon pour échapper à un destin tracé. Un vélo". Son destin Ivan lui l’a rencontré. Le jeune bambin qui se rêvait maillot rose est devenu grand…un Seigneur du cyclisme.

 

 

 

 

FORZA IVAN !!!!!



16/11/2015
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